C’est une question qui préoccupe Jeanne Mance Cormier, conservatrice au Musée acadien de l’Université de Moncton, Aïcha Benimmas, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Moncton, et Éric Poitras, étudiant au postdoctorat à l’Université McGill. Leur collaboration met à profit une expertise en éducation muséale, en pédagogie, en histoire et en éducation en réseau. Ils collaborent actuellement sur un projet de recherche intitulé Collaboration interdisciplinaire en matière d’éducation muséale — Enjeux et promesses des TIC, dont les fruits seront présentés à Toronto ce jeudi 10 avril, lors de la Conférence annuelle de l’Association des musées canadiens.
Le but du projet est de tirer des leçons de l’élaboration et de la mise en œuvre de matériel didactique visant à faciliter l’apprentissage dans les programmes et les ateliers animés des musées. L’équipe a conçu un site Web présentant le contenu d’un atelier du Musée acadien, afin de voir comment les jeunes peuvent utiliser les TIC pour se familiariser avec leur histoire et leur patrimoine. Une enseignante et ses élèves de 5e année suivant le curriculum du cours d’histoire de l’Acadie dans une école francophone du Sud-Est du Nouveau-Brunswick servent de classe-test.
« Nous avons choisi C’est le temps de jouer, un atelier que le Musée acadien offre déjà en salle de classe et qui est très populaire auprès des jeunes. Il présente aux jeunes des jouets anciens utilisés par leurs ancêtres », explique Jeanne Mance Cormier. « Nous avons créé des outils en ligne associés au contenu de cet atelier, soit des vidéos, des photos et des textes informatifs, mais nous n’imposons rien aux jeunes. Nous allons être des observateurs et voir comment ils vont utiliser ces supports pour apprendre. »
En observant les interactions des élèves avec ces outils dans une salle de classe, l’équipe cherchera à comprendre comment les jeunes peuvent et veulent se servir des TIC pour enrichir leur apprentissage quant à leur histoire et patrimoine. « Est-ce qu’ils vont aller sur Twitter et poser des questions ? Est-ce qu’ils vont utiliser les supports visuels que nous fournissons pour faire leurs propres vidéos ? Que leur faut-il comme outils pour pouvoir interagir et apprendre en ligne ? Est-ce qu’un site statique est encore suffisant de nos jours ? » Voilà des questions auxquelles l’équipe tentera de répondre.
Car selon Jeanne Mance et son équipe, le Musée acadien a un rôle important à jouer dans la diffusion du patrimoine. Et plus notre monde devient branché, plus les musées doivent se tourner vers une approche interactive pour livrer leurs connaissances et favoriser la curiosité chez les jeunes.
« Nous voulons explorer comment les musées peuvent former davantage de partenariats communautaires en éducation en se dotant de plateformes interactives. Les TIC ouvrent toutes sortes de possibilités pour le Musée acadien. Par exemple, ils nous permettent d’illustrer des concepts. Si nous voulons expliquer le rôle du théâtre dans l’Acadie d’antan et que nous n’avons pas d’objet spécifique dans nos archives lié à ce sujet, nous pouvons diffuser une vidéo pour l’illustrer ou encore lancer une discussion dans les médias sociaux et en recueillir les résultats. »
Elle est d’avis qu’il y a un besoin à combler au niveau des ressources disponibles aux enseignants qui veulent enrichir leurs cours d’histoire de l’Acadie. Elle espère que son projet de recherche aidera le Musée acadien à développer davantage d’outils qui serviront aux enseignants, aux jeunes, ainsi qu’à leur famille, pour se rapprocher davantage du patrimoine acadien.
« Traditionnellement, le monde des musées a toujours été plutôt magistral. On suit une visite guidée, on regarde, on lit ou on écoute. Mais de nos jours, les jeunes ont davantage besoin de se connecter et de partager avec le monde qui les entoure pour apprendre. Ils veulent chercher leur propre information. Notre projet de recherche va ultimement nous aider à mieux comprendre comment bien diffuser le contenu – concevoir des sites Web éducatifs et transformer nos expositions en visant sur encore plus d’interactivité avec nos visiteurs. »
Nathalie Landry est une consultante en communications pour le changement social. Son entreprise, Écho Actions, donne un coup de main aux organismes à but non lucratif ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises au niveau des relations publiques, des médias et du marketing. @EchoActions
Sources :
Musée acadien de l’Université de Moncton : http://www.umoncton.ca/umcm-maum/
Association des musées canadiens : http://www.museums.ca